L'équipe de recherche sur les pratiques des jeux d’argent et de hasard (JAH) des mineurs français de 15 à 17 ans, réalisée avec le soutien de l' ANJ, continue à explorer les résultats de cette étude.
Plus d’un tiers des jeunes de 15 à 17 ans (34,8 %) déclare avoir joué à des JAH au cours des douze derniers mois précédant l’étude et le grattage prédomine ((78,4 % des joueurs). Tous jeux confondus, ils jouent de façon exclusive aussi bien dans les lieux physiques (49,9 %) que sur Internet (11,3 %) et près de quatre jeunes sur dix jouent sur les deux supports (38,8 %). Le total de l’usage d’Internet de façon mixte et exclusive concerne la moitié des jeunes (50,1 %), les paris sportifs étant l'activité la plus fréquente en ligne.
Les joueurs âgés de 15 à 17 ans jouent en moyenne à 2,6 jeux et un sur cinq (20,1 %) pratique 4 jeux ou plus. Un quart d’entre eux (25,4 %) jouent au moins une fois par semaine pour un montant médian de 6 euros.
L’environnement des mineurs joueurs
L’initiation aux JAH se fait avec les parents autour de 13,3 ans en moyenne. L’environnement Internet, qui fait partie de leur quotidien, est un vecteur de diffusion des publicités (réseaux sociaux, influenceurs…) qui les vise directement. Les partenaires de jeux sont en priorité les parents (la mère : 45,7 % et le père : 35,7 %) et plus de la moitié des jeunes utilisent leur argent de poche (51,9 %). La perception de l’accès des jeux dans les points de vente physiques demeure importante : plus de la moitié déclare qu’il leur est très ou assez facile de jouer à des cartes à gratter (53,1 %). Parmi tous les jeux d’argent pratiqués sur Internet, ce sont les paris sportifs dont l’accessibilité en ligne leur semble la plus facile (25,2 %),
Typologie des joueurs mineurs
Selon le jeu pratiqué, cinq types de profils de joueurs se distinguent : ceux qui sont exclusivement joueurs de grattage, ceux qui combinent grattage et tirage, ceux qui ne font que des paris, ceux qui jouent à plusieurs JAH et pour finir ceux qui jouent à tous les jeux d’argent et de hasard.
Concernant ces mineurs, l’évaluation de la part des joueurs rencontrant un problème avec leur activité est particulièrement importante: le jeu excessif toucherait un jeune sur cinq et entre 2014 et 2021, la part des joueurs problématiques c’est-à-dire ceux ayant un score ICJE>3, (joueurs modérés et excessifs), a été multipliée par trois chez les 15-17 ans, passant de 11,0 % à 34,8 %.
Quelques recommandations d’actions
ENJEU-Mineurs permet de mettre en exergue une série d’enseignements susceptibles d’être traduits en termes de recommandations :
- Il apparaît essentiel d’associer les mineurs directement concernés aux opérations de prévention, mais aussi leurs parents.
- Les actions publicitaires générales ou ciblées doivent faire l’objet d’une vigilance particulière et, si nécessaire, être davantage réglementées pour protéger les jeunes et les familles.
- Compte tenu de sa part croissante auprès des jeunes générations, le jeu sur Internet et sa promotion doivent être suivis avec attention.
- L’application des dispositions légales interdisant l’offre de jeux aux mineurs en points de vente doit être scrupuleusement surveillée et respectée.
- L’accès aux dispositifs d’aide et de soins existants doit être promu auprès des jeunes.
- Les actions envisagées auprès des mineurs doivent s’inscrire dans un parcours également conçu à destination des jeunes majeurs engagés dans ces comportements.
Publication
- « La pratique des jeux d’argent et de hasard des mineurs en 2021 (ENJEU-Mineurs) » Marie-Line Tovar, Jean-Michel Costes, Zoom ‘Recherches n°5, SEDAP, Février 2022, 22 p.
- « Jeux d’argent et de hasard des mineurs en 2021 ; Pratiques problématiques et facteurs de risque » La pratique des jeux d’argent et de hasard des mineurs en 2021 (ENJEU-Mineurs) » Jean-Michel Costes, Marie-Line Tovar, Zoom ‘Recherches n°9, SEDAP, Novembre 2022, 22 p.
- Revue de la littérature internationale : « pratique des jeux d’argent et de hasard chez les mineurs : Description des pratiques, croyances, contextes et rôle de l’environnement ». Marie-Line Tovar, Jean-Michel Costes, Rapport 2022, SEDAP.